Quatrième dimanche du temps ordinaire : Mt 5,1-12

Commentaire du jour
Jean Tauler (v. 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 71, pour la Toussaint (trad. Cerf 1991, p. 573 rev.)
 
« Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés »


« Voyant les foules, il gravit la montagne...et prenant la parole, il enseignait. » La montagne où Jésus est monté, c'était sa propre félicité et son essence en laquelle il est un avec son Père. Et il était suivi d'une grande foule : c'est là la foule des saints dont on célèbre aujourd'hui la fête ; tous l'ont suivi, chacun selon la vocation où Dieu l'avait appelé. En cela nous devons les imiter, chacun prêtant avant tout attention à sa vocation, pour s'assurer de celle à laquelle Dieu l'appelle et suivre alors cet appel...

      Arrivé sur la montagne, Jésus a ouvert la bouche pour proclamer les huit béatitudes... « Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux leur appartient. » Il est question en premier lieu de cette vertu de pauvreté spirituelle parce qu'elle est le commencement et la base de toute perfection. Retournez la question sous toutes ses faces, toujours il faudra que le fond de l'homme soit dépouillé, détaché, libre, pauvre et dégagé de toute propriété, si Dieu doit réellement y accomplir son œuvre. Il doit être débarrassé de toute attache propre ; alors seulement Dieu pourra y être chez lui...

      « Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre » dans toute l'éternité. On fait ici un pas de plus en avant, car, par la véritable pauvreté, on se dégage des entraves, mais avec la douceur on pénètre plus dans le tréfonds, on en expulse toute amertume, toute irritabilité et toute imprudence... Pour celui qui est doux rien n'est amer. Que pour ceux qui sont bons, tout soit ainsi bon ; cela vient de leur fond bon et pur... Celui qui est doux possède la terre, en demeurant dans la paix quoi qu'il lui advienne. Mais si tu n'agis pas ainsi, tu perdras cette vertu et ta paix en même temps, et on pourra dire de toi que tu es un grognon et te comparer à un chien hargneux.

      « Bienheureux ceux qui pleurent... » Quels sont donc ces gens qui pleurent ? En un sens, ce sont ceux qui souffrent ; en un autre sens, ceux qui pleurent leurs péchés. Mais les nobles amis de Dieu, qui sous ce rapport sont les plus heureux de tous, ont fini de pleurer leurs péchés...; et cependant ils ne sont pas sans pleurer : ils pleurent les péchés et les fautes de leur prochain... C'est ainsi que les vrais amis de Dieu pleurent à cause de l'aveuglement et de la misère des péchés du monde.

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