Mercredi 4 Mai

Jn 3, 16-21

Homélie

« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » Dieu aime le monde : voilà une affirmation majeure parce qu’elle situe Dieu et son amour comme la réalité fondatrice et absolue. Elle signifie que l’amour divin précède tout et soutient tout, un amour plénier qui ne peut que se déployer et s’exprimer dans le don de lui-même. En effet, lorsque le Père envoie le Fils, c’est Dieu qui se donne tout entier. Et ce don, s’il contient la Passion et la mort de Jésus, est entendu ici dans un sens plus large qui comprend toute la vie du Fils. L’évangéliste, en effet, ne dit pas que le Père « a livré » son Fils - verbe traditionnellement utilisé en référence à la Passion – mais qu’il l’a « donné ». Dans ce don, c’est donc toute l’œuvre du Christ qui est ici prise en compte, toute sa vie depuis sa naissance jusqu’à sa mort sur la Croix.
Mais ces versets ne se contentent pas de célébrer l’amour de Dieu qui a donné son Fils unique, ils mettent aussi en évidence le but de ce don : la vie éternelle des croyants, le salut du monde entendu comme définitif. Ressort ici de façon claire le projet de Dieu en faveur des hommes qu’il veut vivifier de sa propre vie. Dieu ne vient pas d’abord pour juger et condamner mais pour sauver. « Je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour sauver le monde » déclarera Jésus, un peu plus loin dans saint Jean (Jn 12, 47).
Pourtant, nous entendons aussi Jésus nous dire dans le passage de l’évangile de ce jour : « Qui croit en lui n'est pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au Nom du Fils unique de Dieu. » Y aurait-il une contradiction dans les propos de Jésus ?
Il s’agit, en fait, de bien comprendre en quoi consiste le jugement dont nous parle Jésus. Si l’homme accueille dans la foi le don de Dieu par amour pour lui, s’il croit en ce Fils envoyé pour son salut, il obtient comme immédiatement « la vie » : « Celui qui croit en le Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jn 3, 36).
Le jugement est le résultat immédiat de la présence devant nous de l’Envoyé du Père, présence qui ne peut laisser indifférente, présence qui oblige nécessairement à se situer : soit en faveur, soit en opposition par rapport à Jésus.
Le Fils, en tant qu’il nous révèle la plénitude de l’amour du Père, nous révèle l’absolu de la vérité divine : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16). Dans la venue du Fils en ce monde, dans tout son itinéraire terrestre s’est manifesté l’amour de Dieu, son désir de salut pour tout homme. Mais c’est maintenant à ce dernier de se décider en croyant ou non en ce Fils, donné par amour. La décision de foi est l’œuvre unique attendue de l’homme dans une coopération parfaite avec l’œuvre en lui de la grâce divine.

« En ce Temps Pascal, Seigneur, tu te présentes à nous dans la lumière de ta résurrection. Sollicités et soutenus par ta grâce, tu nous appelles à venir à la lumière en nous ouvrant à la foi en la puissance salvifique de ta mort et de ta résurrection. Que notre attitude devant toi ne nous juge pas mais nous obtienne au contraire la vie éternelle et nous conduise au salut. »


Frère Elie



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