Premier dimanche de Carême

Commentaire du jour
Saint Maxime de Turin (?-v. 420), évêque
Sermon 16 ; PL 57, 561, CC Sermon 51, p. 206 (trad. Migne 1996, p. 85 rev.)

Se nourrir de la Parole qui sort de la bouche de Dieu


 Le Sauveur répond au diable : « Ce n'est pas de pain seulement que vit l'homme, mais de toute parole de Dieu ». Ce qui veut dire : « Il ne vit pas du pain de ce monde, ni de la nourriture matérielle dont tu t'es servi pour tromper Adam, le premier homme, mais de la Parole de Dieu, de son Verbe, qui contient l'aliment de la vie céleste ». Or, le Verbe de Dieu, c'est le Christ notre Seigneur, comme le dit l'évangéliste : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu » (Jn 1,1).  Quiconque donc se nourrit de la parole du Christ n'a plus besoin de nourriture terrestre. Car celui qui se restaure avec le pain du Seigneur ne peut pas désirer le pain de ce monde. En effet, le Seigneur a son propre pain, ou plutôt le Sauveur est lui-même pain, comme il l'enseigne par ces paroles : « Je suis le pain descendu du ciel » (Jn 6,41). Et ce pain a fait dire au prophète : « Le pain fortifie le cœur de l'homme » (Ps 103,15).

     Que m'importe le pain qu'offre le diable, alors que j'ai le pain que partage le Christ ? Que m'importe la nourriture qui...a fait chasser le premier homme du Paradis, a fait perdre à Ésaü son droit d'aînesse...(Gn 25,29s), qui a désigné Judas Iscariote comme un traître (Jn 13,26s) ? Adam a perdu en effet le Paradis à cause de la nourriture, Ésaü a perdu son droit d'aînesse pour un plat de lentilles, et Judas a renoncé à son rang d'apôtre pour une bouchée : car, au moment où il a pris une bouchée, il a cessé d'être un apôtre pour devenir un traître... La nourriture qu'il nous faut prendre est celle qui ouvre la route au Sauveur, non au diable, celle qui transforme celui qui l'absorbe en confesseur de la foi et non en traître.


      Le Seigneur a raison de dire, en ce temps de jeûne, que c'est le Verbe de Dieu qui nourrit, pour nous enseigner que nous ne devons pas passer nos jeûnes en soucis de ce monde, mais à la lecture des textes sacrés. En effet, celui qui se nourrit de l'Écriture oublie la faim du corps ; celui qui s'alimente du Verbe céleste oublie la faim. Voilà bien la nourriture qui alimente l'âme et apaise l'affamé...: elle confère la vie éternelle et éloigne de nous les pièges de la tentation du diable. Cette lecture des textes sacrés est vie, comme l'atteste le Seigneur :  « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie » (Jn 6,63).


 Face au péché du monde, le nôtre, Jésus a montré que nous ne sommes pas sans moyens pour échapper à l'engrenage du mal : la Parole reçue de Dieu indique le chemin où l'homme s'épanouit, et l'Esprit, au cœur de chacun,  nous presse de résister à toute tentation.

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